Salle d'arts picturaux

Personne ne semblait capable de répondre à la question du professeur - l'inverse, à dire vrai, l'aurait certainement étonné.
- Bon. Je crois que je vous en ai demandé un peu trop. Il me semble, dit-il en se tournant vers Francinette, et qu'avec toutes ces nouvelles connaissances que je vous transmet, vous devez tous arriver à saturation. Nous allons donc terminer cet interminable cours par ces trois dernières notions. Laissons pour l'instant la saturation de côté, et commençons par le ton. Cela est un peu difficile d'en donner une définition exacte, tant on l'utilise pour caractériser la couleur dans des conceptions différentes. C'est un peu comme le ton d'une voix : il existe une multitude de manières de la qualifier. Disons donc que le ton permet simplement de caractériser la couleur. Il existe pour ce faire plusieurs moyens.

Walex s'approcha du tableau.
- Tout d'abord, nous pouvons différencier les tons chauds des tons froids. En effet, certaines couleurs sont dites "chaudes" car elles donnent une sensation de chaleur. En général, elles se rapprochent de l'orange. Les couleurs chaudes sont donc l'orange, évidemment, mais aussi le jaune et le rouge.

Il indiqua les couleurs une à une pour que les élèves les retiennent bien. Il s'agissait des trois couleurs du bas.



- A l'inverse, donc, existent les couleurs dites "froides". Elles se rapprochent du bleu. Outre ce dernier, nous avons le violet et le vert.

Il indiqua cette fois-ci les trois couleurs en haut du tableau.



- Nous verrons dans un prochain cours comment utiliser ces tons, et à quoi ils correspondent concrêtement dans un tableau.

Puis, se détachant du chevalet :
- Mais l'on peut aussi caractériser une couleur pure (figurant sur le cercle chromatique), selon la manière dont elle est mélangée à une autre. Sur ce principe, nous pouvons discerner trois types de tons. Les tons rabattus tout d'abord, c'est-à-dire lorsque les couleurs sont mélangées à du noir. A l'inverse, existent les tons dégradés, c'est-à-dire issus du mélange avec du blanc. Car comme vous le savez, le noir et le blanc ne figurent pas sur le cercle chromatique - les couleurs du cercle qui leur sont mélangées ne sont dont plus pures. Et pour finir, nous avons les tons rompus : Ce sont les couleurs dont la pureté est atténuée par le mélange de leurs complémentaires. Ces mélanges ne figurent pas non plus sur le cercle chromatique, car les complémentaires sont diamétralement opposés. Ils sont donc en quelque-sorte l'inverse des tons purs.

Le professeur se tourna ensuite vers ses élèves :
- Jusqu'ici, avez-vous des questions ?

- Bien, dit-il à Dazibao. Je tâcherai cette fois-ci de vous remettre une synthèse de ce cours à la bibliothèque dans les plus brefs délais. Enfin... quand j'y penserai. Nous allons passer rapidement à la valeur.

Prenant un air un peu plus sérieux...
- La valeur. Alors... revenons en arrière. J'avais commencé par vous dire que le blanc et le noir ne se situent pas sur le cercle chromatique. Ce ne sont pas réellement des couleurs, mais justement des valeurs. J'ai omis de vous préciser un fait : le blanc pur, tout comme le noir pur, n'existent pas dans la nature. Ils sont toujours teintés d'une couleur, même infime. Il est donc conseillé de fabriquer le noir à partir d'un mélange de couleurs - les trois primaires par exemple. Considérez le blanc comme un gris très très clair, et traitez-le de la même manière : ajoutez toujours une touche de peinture colorée. Un gris coloré, même très peu coloré, sera toujours préféré au gris pur.

Regardant les élèves et les voyant faiblir de plus en plus suite à cette si longue journée :
- Puis, je vous ai parlé des tons, dont les tons rabattus et dégradés. Les premiers sont des couleurs mélangées à du noir, et les secondes à du blanc. Hé bien, pour ce qu'on qualifie de "valeur", c'est exactement la même chose. Il existe des couleurs claires et des couleurs foncées, en fonction du degré d'obscurcissement ou d'éclaircissement du ton d'une couleur. Deux couleurs peuvent ainsi avoir la même valeur car ceci est différent de sa pureté. Vous comprenez ?

Aucun élève ne semblait à présent réagir.
- Bon, hé bien disons plus simplement que tout se joue dans ce qu'on appelle le clair-obscur. C'est un ensemble de tons allant, comme son nom l'indique, du clair à l'obscur, mais ne tenant pas compte de la coloration. Ainsi, il existe des couleurs de valeur claire et foncée, en fonction de la valeur mélangée : le noir ou le blanc. Par exemple, un bleu clair peut avoir la même valeur qu'un orange clair, alors que ces deux couleurs sont opposées, car complémentaires. J'espère que vous avez suivi, car nous allons finir à la saturation, dit-il en regardant Francinette, qui sursauta à ce mot.

- Pour la saturation... commença-t-il à dire pendant que certains élèves tenaient de moins en moins en place, la saturation, donc, alors que d'autres élèves s'endormaient littéralement devant lui... bon, nous pouvons nous contenter de dire qu'une couleur saturée est très colorée, voire pure. La saturation correspond à l'intensité d'une couleur par rapport à sa luminosité. A l'inverse, une couleur peu saturée possède une teinte grise. En augmentant sa saturation, elle devient pastel, puis très colorée à mesure que la saturation de la couleur augmente.

Voyant à présent un élève s'effondrer :
- Nous pouvons nous arrêter là pour cette semaine. Je vous ai beaucoup appris, et ai comme l'impression que c'en est assez. Je vous laisse donc cogiter à tout cela, en vous souhaitant une bonne semaine à tous. Je conserve vos travaux, il sera très prochainement question de les travailler en y intégrant les différents principes que je vous ai inculqué. Mais pas d'inquiétude, je serai là pour vous aider, et vous rappellerai ça à quoi correspondent toutes ces notions. A la prochaine leçon !

La tête encore bourdonnante de toutes ces nouvelles notions, Opale quitta la salle de cours non sans avoir saluer Walex. Le mal de tête la guettait.

Une fois tous les élèves sortis, le professeur se parla à lui-même :
- J'espère ne pas trop les avoir découragé, et en retrouver au moins un ou deux à mon prochain cours...
Puis, il rangea la salle pour lui redonner l'apparence de son désordre habituel.

Opale, qui sortait du cours d'arts culinaires, vit que la porte de la classe d'arts picturaux était ouverte.
Elle risqua un oeil à l'intérieur. Walex était assis à son bureau, concentré sur des travaux d'écriture.

Tiens, tiens....pensa-t-elle. Cela veut-il dire qu'un nouveau cours se prépare ?

Elle toqua à la porte pour s'annoncer sans surprendre le professeur.

Toc, toc

Walex releva la tête.

Hum, hum....Bonjour professeur
Il y a un nouveau cours d'art pictural ?

- Hein, pardon ? Oh, Dame Opale, c'est vous ! Mais entrez donc ! Hé bien, je ne pense pas en programmer un dans l'immédiat, mais je compte reprendre l'enseignement au plus tôt. J'aimerais que l'école se redynamise, et pour cela, je dois bien prendre mes responsabilités. Mais dites-moi, je profite de votre passage pour vous poser une question : Etes-vous toujours intéressée par ce cours ?

- Oh, la façade... j'ai constaté en effet son état, mais n'ai pas encore été prévenu de ce projet de restauration par Sieur Dazibao. Mais c'est une très bonne idée ! Cela permettra aux élèves de reprendre le cours avec un projet bien établi. Je sortirai et préparerai mes pigments et mon liant, ou non, mieux encore, nous utiliseront de la chaux... nous pourrions refaire la façade avec une belle fresque ! SednaX, aurais-tu l'amabilité d'indiquer tout à l'heure aux élèves que je reprend les cours dès ce lundi ? Je m'occupe de boucler mon résumé, puis, rassemblerai tout ce dont il nous serra nécessaire pour réaliser cet ouvrage !

Opale entra dans la salle de classe. Elle portait un paquet sous son bras.
Walex était déjà là.

Bonjour professeur, lança t-elle joyeusement.
heu...j'ai cru comprendre qu'aujourd'hui nous allions faire quelque chose de ...heu..salissant. C'est ce que laissait sous-entendre le mot sur panneau d'affichage.

Opale l'interrogeait du regard.