Salle de savoir-vivre

Au premier étage à droite se trouvait la salle de cours de savoir-vivre, matière enseignée par Dazibao.

Dans cette salle les tables étaient disposé en un grand cercle, de manière à ce que les élèves assis puissent voir tous les autres.

Il n'y avait pas de place distincte pour le professeur qui s'assierait parmi ses élèves.

Accrochés aux murs des canevas et des peintures de bon goût vantaient les valeurs du savoir-vivre.

Dazibao ouvrit la porte de sa salle de cours et resta dans le couloir.

Il accueilli chacun des élèves par un "bonjour" souriant, les invitant de la main à entrer.

Une fois tous les élèves entrés, il les suivit à l'intérieur. Il laissa volontairement la porte ouverte.

Nous nous connaissons maintenant. Je ne vais pas vous demandez de vous représenter.
Pourtant c'est bien la première chose qui doit être demandé à un inconnu, qui n'aurait pas la présence d'esprit de le faire spontanément.

Savoir à qui on s'adresse ou encore qui on écoute est extrêmement important.

.....

Vous noterez que nous sommes un très petit groupe. Cela signifie que j'attends de vous une participation très actives. D'une certaine manière, c'est vous qui allez construire le cours.

Dîtes-moi ce que vous voudriez voir aborder au cours de l'année.

Walex regardait ses camarades. Personne n'osait répondre. Pourtant, il était à sa connaissance correct de répondre à une question qui était posée. Il leva la main, attendit que le professeur l'interroge, et répondit en se levant :
- J'aimerai simplement connaïtre tous les us et coutumes à respecter en grande société. Je sais que l'on dit bonjour en arrivant et au revoir en partant, et que l'on dit merci lorsque l'on nous rend service. En cela, j'ai l'impression de savoir plus de choses que beaucoup de personnes. Mais j'aimerai en savoir davantage. Il s'agit surtout de cas particuliers, comme répondre à une invitation, se tenir à table, ou bien remettre en place une personne qui nous insulte. Voilà, en gros, tout ce que j'aimerai connaître.

Dazibao écouta attentivement Walex.

Vos attentes sont tout à fait pertinentes. Vous mettez le doigt sur un point important :
Le savoir-vivre est lié de très près à la diplomatie !

Etant donné que nous sommes ici pour nous ouvrir aux bonnes manières et au savoir diplomatique, je vous invite immédiatement à faire preuve de respect envers la parole et les avis de vos camarades, mais de ne pas les considérer comme savoir absolu.
Il en va de même pour ce que je tâcherai de vous inculquer.

Je ne suis pas ici pour vous apprendre à "bien vous tenir" mais pour ouvrir votre esprit à l'analyse de l'Autre et de son discours. Le savoir-vivre est un code qui permet de pouvoir faire sereinement cette analyse, de pouvoir prendre du recul par rapport au discours d'autrui et enfin de pouvoir y répondre sans paraître agressif.

Historiquement le savoir-vivre est né avec la vie en société. C'est une série de codes propres à chaque culture, à chaque microcosme social, dont la connaissance et l'application permet simplement d'éviter de se battre.
C'est la base de toute rencontre et par extension de tout débat.

Sans savoir-vivre, une discussion devient un pugilat.

Dazibao laissa le temps à ses élèves de s'imprégner de ses propos.

Que vous évoque ce discours ? Comment résonne-t-il chez vous ? Fait-il écho à quelques notions ?

Paysan Nombre de messages : 29 Age : 43 Date d'inscription : 26/09/2006

Agrv était très concentré sur les propos de Dazibao. Il ne répondit pas à sa question, mais il ne pouvait qu'aquiescer à ce qui venait d'être dit. D'un naturel plutôt timide, il ne savait généralement pas comment répondre à des propos volontairement agressifs et abandonnait la conversation à la moindre difficulté.

De même, combien de conversations au demeurant banal se sont envenimées sans qu'il s'en rende compte sur des propos malencontreusement imprudents de sa part ! Il avait hâte d'en apprendre plus sur le "code" dont parlait le professeur et d'essayer de l'appliquer dans sa vie quotidienne.

Votre silence en dit long sur ce que sucitent en vous mes paroles.

Ce n'était que la trame de mon enseignement.

Pour ce cours-ci nous nous contenterons du B-A-BA du savoir-vivre.

Le savoir-vivre peut être découpé en trois niveaux :
1) la politesse
2) les bonnes manières
3) la diplomatie

Ces niveaux sont supperposés. Ainsi celui qui use de bonne manière sans maîtriser la politesse passera inévitablement pour un rustre dégrossi, vaguement éduqué. Il est vain pour lui d'essayer de faire preuve de diplomatie.

En revanche un individu très poli, mais n'ayant pas de bonne manière (et donc une diplomacie aléatoire) sera vu comme un maladroit, sans toutefois qu'on remette en cause sa politesse.

Ceci est très important à comprendre :
Apprenez à maîtriser la politesse, puis les bonnes manières, puis enfin ouvrez-vous à la diplomatie.
En procédant ainsi, vous commettrez (comme tous) des impairs, mais on ne vous blâmera jamais (sauf mauvaise foi ou agressivité gratuite) pour votre manque de savoir vivre.

Au final, on critiquera vos arguments mais on ne remettra pas en cause votre personne. Et si on le fait, ce ne pourra être qu'une agressivité gratuite et discourtoise, on ne peut plus facile à contredire ou réfuter.

Je vais un peu loin. J'y reviendrai sûrement plusieurs fois au cours de l'année.
Walex nous a dit tout à l'heure les fondements de la politesse et donc du savoir vivre.
Quels sont-ils ?

Paysan Nombre de messages : 67 Date d'inscription : 07/09/2006

Remiz répondit à la question :

- Et bien, comme Walex l'a déjà dit, le remerciement, le salut, le respect d'autrui.

Paysan Nombre de messages : 43 Date d'inscription : 07/06/2006

La porte entre-ouverte, elle passa la tête....

A coup de hache aussi Laughing

Elle repartie aussitot....

Effectivement Remiz... bien que le respect n'intervienne pas immédiatement, et nous pouvons aussi ajouter l'humour, que nous a très justement rappelé l'intervention sarcastique de Frah.

Dazibao alla fermer la porte.

Une rencontre, qu'elle soit nouvelle ou non, débute donc toujours par un salut. Si vous connaissez la personne il est bien vu de personnaliser ce salut.

Au cours de la rencontre, vous devez vous excuser chaque fois que votre interlocuteur semble blessé et vous devez remercier chaque fois que votre interlocuteur vous gratifie.
Attention, nous ne sommes que dans l'étude de la politesse. Nous verrons ultérieurement qu'en diplomatie, il est possible de jouer avec cela.

A la fin de la rencontre, il convient de saluer l'autre sur une note d'espoir.

Pour exercice, je veux que chacun d'entre vous s'imagine une rencontre et me donne un exemple de salut d'ouverture, d'excuse, de remerciement et de salut de fermeture.
Je vous écoute...

- Hé bien... imaginons que je revienne de la pêche. J'ammènerai ma barque vers la berge après une longue journée à traquer le poisson, et rencontrerai en revenant Agrv qui naviguerait en sens inverse. Nous nous lèverions tous deux pour nous saluer. "Bonjour, Sieur Agrv, bonne journée à vous" lui dirais-je promptement. Agrv ferait de même, et tendrait sa main vers moi. Je la serrerai de ma main droite, et malencontreusement, nos deux barques s'entre-choqueraient par ma faute, et mon interlocuteur faillirait de tomber à l'eau... sur quoi je m'empresserai de m'excuser tout en le retenant en le tirant vers moi. Hummm non, ça ne convient pas maintenant que j'y pense, puisque vous avez parlé d'excuses et de gratifications suites à une discussion.
Walex réfléchit quelques secondes.
- Alors voilà, je rencontrerai Agrv dans les mêmes conditions. Sauf que nous resterions à quelques mètres l'un de l'autres et resterions assis, pour ne pas nous risquer une nouvelle fois de tomber à l'eau. Agrv me demanderait si je n'avais toujours pas vu Raistlin ce jour là - car j'oubliais de le dire, mais Agrv recherchait Raistlin depuis le matin et m'avait déjà posé cette question plus tôt dans la journée. J'aurai justement rencontré Raistlin depuis, et connaissant les liens particuliers qui les unissent, je m'excuserai sur le champ...euh... sur le lac je veux dire : "Veuillez m'excuser, mais j'ai omis de lui dire que vous le cherchez, j'ai pourtant passé plusieurs heures à pêcher en sa présence, je suis terriblement désolé". Je pense que ce genre d'excuses devraient suffire. Je préciserai d'ailleurs que Raistlin m'aurait quitté en retournant se saouler à l'auberge émuvillaine. Oui, parce que Raistlin se saoule souvent, et n'hésite pas à le faire seul.
Un petit moment de réflexion plus tard...
Bon mon exemple ne tient pas parfaitement la route, à dire vrai, car je ne pense pas que j'aurai oublié d'en parler à Raistlin. Et puis je ne vois pas ces deux personnes se séparer sans se dire où ils vont chacun de leur côté. Mais bon, passons. J'en viendrai alors à remercier Agrv. Alors là j'avoue ne pas trop savoir pourquoi. Peut-être parce qu'il me ferait un compliment. Oui, disons que ce soit ça. Il me dirait que ce n'est pas grave, pour une fois, et que je reste un ami sur lequel il peut compter. Violà, ceci me ferait rougir, et je répondrai : "Merci cher ami, vous êtes très indulgent. Mais faites vite, car je crois qu'à cette heure Raistlin doit avoir déjà bu maintes chopines". Nous regagnerons ainsi ensemble le plus proche rivage, attacherions nos barques, et partirions vers la taverne...
Encore un petit moment...
- Euh... j'oublie le salut de fermeture. En fait, je pense que nous aurions passé la soirée la boire ensemble en la compagnie de Raistlin, jusqu'à nous endormir traop saouls pour clore une quelconque discussion. Je ne pense même pas que nous finirions la moindre discussion de la soirée. Mais bon, pour respecter ce petit exercice, je crois que je serai rentré apporter le poisson à ma maison, afin de le ranger. Surtout que j'aurai pêcher un reliquat ce jour-ci. Alors j'aurai fini par dire au pas de la porte de l'auberge : "Je vous laisse ici, commencez à vous saouler en mon absence, vous aurez je l'espère une petite pensée pour moi. Mais je reviens au plus vite, et offrirai une tournée générale dès mon retour. Buvez bien, cher ami."
Fixant le regard de son professeur afin d'éviter celui de Agrv, Walex attendait à présent la réaction de Dazibao.

Dazibao suivait avec attention les propos de Walex.

Votre imagination est tout à votre honneur. Je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi développé, mais cela répond parfaitement aux critère de l'exercice.

Au suivant.

Paysan Nombre de messages : 67 Date d'inscription : 07/09/2006

Remiz se leva pour parler... mais malheuresement, pas pour répondre à la question du professeur.

- Euh Monsieur ? Je sais que cela n'est pas dans les règles de savoir-vivre et je m'en excuse fortement mais je dois quitter le cours. Pour des raisons personnelles, je ne pourrais rester jusqu'à la fin, excusez moi je vous en prie. A bientôt et merci encore.

Accordé.

De plus cela répond parfaitement au critère de l'exercice. Encore que vous auriez pu trouver mieux que "Euh... M'sieur" comme salut d'introduction.

Suivant.

Plus personne ?

Bien. Le cours est terminé.

Au revoir.

Au revoir, professeur. Merci pour votre enseignement ! dit Walex avec la plus grande politesse.

Dazibao ouvrit la porte de la salle de cours et alla s'asseoir à la table en attendant ses élèves.
D'après le panneau d'afichage, de nouveaux élèves s'étaient inscrits après le premier cours.

Paysan Nombre de messages : 67 Date d'inscription : 07/09/2006

Remiz entra la premier dans la salle de Savoir-vivre. Il se mit debout aux côtés du professeur puis, quand tous les élèves furent assis, demanda le silence. Enfin, il prit la parole devant des élèves étonnés de ne plus voir la même personne assise au bureau du professeur.

-Bonjour à tous et à toutes. Je vous parle ici en tant que directeur pour vous éclaircir un peu sur votre étonnement. Je vous présente, Dazibao, fils de Dazibao, votre ancien professeur. Ce dernier ayant disparu, son fils fit, quand à lui, son apparition. Il assurera donc les mêmes cours que son regretté père et sera votre professeur de Lever de Coude et de Savoir-vivre. Je sais que vous êtes tous attristés par cette nouvelle mais que cela ne gêne en rien le bon déroulement du cours. Je vous demanderai de faire bon accueil à votre nouveau professeur et de ne pas être moins attentif qu'avec Dazibao père. Sur ce, je vous laisse la parole Dazibao.

Ceci dit, Remiz retourna s'asseoir à sa place, endossant de nouveau son dossard d'élève.

Walex fit un grand sourire empli d'encouragements au nouveau professeur. Sachant à quel point la rentrée pouvait être difficile, il se dit que reprendre le cours de son père pouvait être une bien pire épreuve encore.

Bien le bonjour.

Je vais reprendre où s'en était arrêté mon père. La leçon de cette semaine portera sur la politesse, qui est le premier niveau du savoir-vivre.

Qu'est-ce que la politesse ? Avec qui faut-il être poli et ne pas l'être ? Pourquoi ?

L'un de vous a-t-il une ou des réponses à apporter à cela ?

Walex leva la main le premier.
- Je ne me souviens plus tout à fait de la définition exacte, mais je dirais que la politesse consiste à prendre en considération l'autre : le saluer, lui accorder de l'attention lorsqu'il parle, s'excuser, le remercier, et lui dire au revoir sont je crois les principales composantes de la politesse. Par contre je m'excuse, mais je ne sais plus avec qui il faut être poli. Dans l'absolu, je dirais avec n'importe qui, mais cela doit être impérativement appliqué en société. Je pense que si chacun respecte l'autre, en respectant certains 'codes', cela peut éviter bons nombres d'affrontements et de querelles...

Dazibao écouta la réponse de Walex avec un sourire.

C'est un point de vue que je partage personnellement.
Y en a-t-il d'autres qui voit la politesse autrement ?

Apparemment tout le monde à la même vision de la politesse...
Nous n'allons donc pas nous étendre indéfiniment sur ce cours.

La politesse est le niveau de base du savoir-vivre, ce qui distingue l'homme éduqué du bourru errant.
La politesse, c'est l'ensemble des attentions portées vers l'autre au détriment de soi-même.

En effet rester ancré dans la politesse serait s'oublier soi-même. C'est la position qu'affiche les domestiques ; ils doivent garder leur "soi-même" pour les coulisses.
Voici donc une astuce que je vous donne pour paraître poli à coup sûr : oubliez-vous et ne portez toute votre attention que vers l'autre. Vous manifesterez alors ce que l'on appelle de la politesse... et bien sûr vous paraîtrez pour un faible.

C'est pour tout cela que la politesse est "la base" du savoir vivre.

Dazibao toisa l'assistance de ses élèves, guettant la moindre réaction.

Walex leva la main :
- Mais alors, si on peut passer pour un faible, cela veut dire que la politesse ne suffit pas ! En cas de conflit, mieux vaut même ne pas être poli du tout ! Il réfléchi quelques instants... ou alors il faurait coupler la politesse à une autre composante du savoir-vivre, voire même la remplacer par une autre. Mais laquelle ?

Messire Walex vous avez très bien compris mes propos.

En cas de conflit, nous sommes tous confronté à ce choix :
Abandonnez la politesse et tomber dans la barbarie (violence, insultes, menaces, etc.) ou bien "dépasser" la politesse (avec les autres niveaux) et rester dans le savoir-vivre.

Nous étudierons les autres niveaux dans les prochains cours.

Je voudrais en attendant que vous réfléchissiez à ce qui vient d'être dit. Particulièrement en ces temps houleux en Périgord, au cours desquels les résistances et volontés de rester courtois de chacun sont mises à rude épreuve.

Y a-t-il des questions à propos de la politesse ?

- Non monsieur, répondit poliment Walex.

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