Salle de Lever de Coude

Paysan Nombre de messages : 29 Age : 43 Date d'inscription : 26/09/2006

Agrv avait eu du mal à retrouver le chemin de l'école. Beaucoup pris par ses activités, il avait malheureusement fait l'impasse sur les derniers cours mais se faisait raconter le plus important par ses amis.

Cependant cela lui manquait beaucoup et il décida de prendre le temps nécessaire afin de revenir sur les bancs. Il entra discrètement dans la salle de classe et sourit en voyant le sujet du cours inscrit au tableau.

- Voilà qui devrait être intéressant, se dit-il.

Bien ! Nous allons commencer. Les retardataires entreront sans se faire (trop) remarquer.

Quel est le rapport entre le Lever de Coude et la religion aristotélicienne ? Tel est l'objet de ce cours.
Certains d'entre vous ont-ils une idée (même saugrenue) des association qui existent entre la pratique du Lever de Coude et le message religieux aristotélicien ?
Voyez-vous des images aristotéliques dans la pratique du Lever de Coude ?

Dazibao scruta ses élèves un à un, essayant de suciter la prise de parole.

Walex leval a main, hésitant...
- Euh,... l'amitié et la fraternité des leveurs de coudes, au sein de leur ligue, ou même entre tout leveur de coude s'affrontant en duel ?

Effectivement Walex, on peut observer ce phénomène. Pour autant il me semble que c'est un épiphénomène.
Ainsi les aristotélitiens d'une communauté sont généralement fraternels et amicaux entre eux, car ils partagent les mêmes valeurs... non l'inverse. Bien que par effet boule de neige le mécanisme puisse se renverser.

J'attire votre attention sur l'acte-même de lever le coude... représentez-vous le... n'y voyez-vous pas quelque conotation mystique ?

Dazibao laissa planer la question quelques temps.

Paysan Nombre de messages : 74 Date d'inscription : 10/09/2006

Opale haussait les sourcils et jettait des coups d'oeil furtifs vers les autres élèves. Du mystique dans le Lever de coude ? Ca alors ! .
Le moment de concentration avant les lancers, peut-être ? pensa-t-elle
Opale attendait avec impatience l'explication de Dazibao. silent

Paysan Nombre de messages : 27 Age : 48 Date d'inscription : 16/10/2006

Quantum eut une lueur d'inspiration et osa exprimer une idée.

Peut etre que l'acte de boire son verre cul-sec peut se comparer à un acte de communion ?

Il y a effectivement quelque chose en rapport avec la communion dans le fait de vider sa chope. La bière est issue de la fermentation d'un produit qui vient de la terre. Vider sa chope revient à consommer ce qui est issu de la terre, à consommer ce que le Divin nous laisse à disposition.
Mais lacte pieux tient dans le fait de jeter sa chope après l'avoir vidée. Comme un renoncement au vil plaisir de la boisson et d'une manière plus globale au vil péché de gloutonnerie.

Jeter sa chope c'est acté un détachement au monde matériel. En jetant sa chope, le leveur de coude s'élève vers le spirituel.
En outre le parcours de la chope est une métaphore de l'élévation de l'âme :
La chope repose inerte sur la table. Le sportif s'en saisit et l'anime, la porte vers le ciel. Puis il s'en détache et la jette en l'air. Or la vie est un cycle... la chope retombe donc au sol.

Comme on juge la vie d'un individu à l'heure de sa mort, on évalue la prestation d'un leveur de coude à la retombée de la chope. Ce qui compte ce n'est pas de vider sa chope ou d'avoir un beau geste (bien que cela soit apprécié). Ce qui compte c'est que la chope retombe effectivement... de préférence plus loin que celle de son adversaire.

Lorsque le sportif jette sa chope, il prie. Il invoque le ciel en portant sa main en l'air, en levant le coude. Il ne jette pas sa chope sur le côté ou par un mouvement de rotation du bras vers le bas : il lève son coude et tout son bras vers le ciel (et parfois la tête).

Dazibao marqua une pause.

Avez-vous des réactions par rapport à ce que je viens de dire ?

Paysan Nombre de messages : 29 Age : 43 Date d'inscription : 26/09/2006

Agrv prit le temps de bien comprendre la portée de cet exposé.

- Eh bien, je n'avais jamais pensé à considérer le lever de coude avec cette approche céleste, mais la comparaison au cycle de la vie me plait énormément. Ceci explique également les pénalités en cas de cassage de chope, empêchant malheureusement sa réutilisation, et donc la perpétuation de son cycle de vie.

Hélas cette règle est abandonnée car elle n'est pas du goût de tous... peut-être la portée spirituelle n'y a pas été perçue ajouta Dazibao avec le sourire.

Vous voyez certainement un peu plus clair dans le thème abordé, suite à mon exposé concernant la chope. Que pourriez vous dire quant au positionnement des sportifs durant un match ?
Je vous aide : cela à avoir avec une des plus belles valeurs aristotélicienne, l'amitié et la fraternité.

Paysan Nombre de messages : 29 Age : 43 Date d'inscription : 26/09/2006

Agrv rougit en entendant la remarque du professeur. Visiblement il ne se tenait pas assez au courant de l'évolution des règles du lever de coude... Il se promit d'aller faire un tour aux archives à la fin du cours.

Dazibao eut subitement l'oreille qui siffla... cela lui fit penser, curieusement, qu'il n'avait pas mis les archives à jour depuis un certain temps.
Apercevant la réaction confuse d'Agrv, il ajouta précipitamment :

Rassurez-vous : l'écart de la règle des chopes cassées est très recente. Il est tout à fait normal que vous n'en ayez pas entendu parler.

L'amitié et la fraternité, donc.
Les deux sportifs se font face. Les chopes sont disposées sur la tale devant eux. Vous pouvez observer une symétrie dans ce tableau, n'est-ce pas ?
Chaque sportif voit en l'autre, non pas un adversaire, mais un reflet, une image mirroir.

Dès lors l'issue du match n'est pas tant de "battre" un autre, mais de battre un autre à son image, un autre soi... bref, se "battre" soi-même. La finalité d'un match de Lever de Coude est de se surpasser. Justement c'est en maîtrisant ses force au long des dix tours que le sportif y parvient.
L'autre sportif, qu'on hésite toujours à appeler "adversaire" (et pour cause) n'est là que pour aider son semblable à surpasser.
Qui d'autre qu'un ami est capable de vous porter au-delà de vos limites ? Qui d'autre qu'un frère peut vous féliciter de vous être dépassé ?

Toujours par rapport à la symétrie des deux sportifs, il existe une simple analogie de l'amitié et de la fraternité. Lorsqu'on regarde un match de Lever de Coude, ce que l'on voit c'est deux sportifs en train de faire les mêmes gestes, au même moment et dans un même but... non sans une certaine complicité. Ajoutons à cela la connaissance de l'autre (par le biasi de l'étude des stratégie de l'opposant).
Deux individus qui font les mêmes choses, ensemble, en se connaissant bien, en devinant les pensées et futures actions l'un de l'autre, agissant de concert dans un but qui leur est commun, s'aidant l'un et l'autre à se surpasser... n'est-ce pas là une belle définition de l'amitié ?

Dazibao essuya la sueur qui perlait sur son front et regarda le visage médusé de ses élèves. Il resta immobile en attendant leur réaction.

Paysan Nombre de messages : 74 Date d'inscription : 10/09/2006

Opale écoutait Dazibao, les yeux ronds, la bouche ouverte en un "O" de stupéfaction. Elle était médusée par ce que le professeur venait de leur dire.

Ouah ! souffla-t-elle. Je ne lèverai plus le coude de la même manière maintenant.

Opale réfléchissait et se disait que cette façon de voir le lever de coude lui plaisait énormément. Elle avait envie d'applaudir, mais se retint de peur d'en faire trop. Alors, elle sourit au professeur pour lui montrer son approbation.

Eagle ne savait pas ça, elle adorait ce cours car il lui donnait une autre vision et le prof l'expliquait vachement bien.

Dazibao reprit :

Il est certainement possible de trouver d'autres analogies. Je vous ai exposé celles qui m'apparaissent le plus évidentes.

Je crois personnellement que c'est de là que vient cette "magie" dans le Lever de Coude, qui fait que spontanément la bonne ambiance règne entre sportifs et qu'il ne peut exister d'animosités (même quand on se fait battre à plates coututres).

Le cours est terminé dans la forme. Si vous avez des questions ou des idées sur le thème abordé, que vous voudriez développer... je me propose de vous y aider.

Et bien ce cours est fini.

Aurevoir à tous.

Dazibao laissa sortir tous les élèves, puis ferma la porte en se disant qu'il avait du pain sur la planche à la bibliothèque.

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